Un retour en arrière louable & profitable
Si le nom de ce site, Nunquam retrorsum, invite à ne pas se
retourner, il est cependant des retours à encourager et à promouvoir :
celui de la recherche de ses origines en est un. À l’heure où la famille est
attaquée de toutes parts, il nous revient, à nous Chrétiens, de la défendre… et
pour cela déjà de la connaître ! On ne peut en effet aimer ce(ux) que l’on
ne connaît pas.
Lors de son voyage au Paraguay le 10 juillet dernier, le
Saint-Père a lancé ce beau message au corps diplomatique : « Un peuple qui oublie son passé, son
histoire, ses racines n’a pas d’avenir. La mémoire, reposant fermement sur la
justice (…) transforme le passé en
source d’inspiration pour construire un avenir d’harmonie ». Je
transposerais volontiers cette affirmation de bon sens et d’expérience à la
famille, justement cellule de base de la société : quiconque ne sait pas
d’où il vient ne sait pas où il va. C’est une plaie qui ne pourra jamais se
refermer pour les personnes « nées sous X » qui n’auront jamais accès
à leurs origines, ne sauront jamais d’où elles viennent, telles des météorites tombées
d’on ne sait où. Les études psychologiques révèlent chez elles de fréquentes et
lourdes dépressions difficiles à surmonter sans le secours de la foi, qui est
elle aussi une relation filiale avec Dieu le Père.
Malgré ce que veulent bien dire nos détracteurs, contre
l’expérience elle-même et les études faites à ce sujet, un enfant a besoin d’un
père et d’une mère, non seulement afin qu’il soit conçu, mais encore afin qu’il
se construise. Un édifice doit reposer sur des fondations solides pour
s’élever haut dans le ciel ; sur le sable, il ne peut que s’enfoncer.
Alors nous qui avons la possibilité de partir à l’aventure si pleine de
surprises qu’est la recherche de nos ancêtres, ne les laissons pas dormir dans
le néant, mais faisons-les revivre dans nos cœurs par ce « devoir de mémoire » devenu à la
mode de nos jours… Ne dit-on pas avec raison qu’oublier quelqu’un de disparu, c’est
le faire mourir une seconde fois ?
L’honneur dû à nos ancêtres
C’est le quatrième Commandement de Dieu qui nous fait
l’obligation morale d’honorer notre père et notre mère, et par extension tout
le chapelet de nos aïeux. Pourquoi ce Commandement est-il le premier de tous
les Commandements concernant le prochain et nous-mêmes ? Parce que c’est
un devoir de justice : nos parents sont nos premiers bienfaiteurs, car ils
nous ont donné le plus grand de tous les biens, à savoir la vie. Mais de même
que nos parents nous ont donné la vie, nos grands-parents ont donné à leur tour
la vie à nos parents, et ainsi de suite en remontant les générations. Si chacun
de nos noms est inscrit dans le Cœur de Dieu, pourquoi celui de nos ancêtres ne
le serait-il pas dans le nôtre ?
Ce n’est pas un hasard si saint Matthieu commence son
Évangile en établissant la généalogie de Notre-Seigneur. Ce n’est pas seulement
pour situer la venue du Fils de Dieu dans le temps, mais aussi pour
l’« incarner » : tout homme est le fruit d’un autre homme, son
prolongement en quelque sorte, et Jésus n’échappe pas à la règle. En
établissant tous deux la lignée du Christ, les évangélistes Matthieu et Luc ont
à cœur de le présenter comme l’héritier, tant spirituel que biologique, des
grands Patriarches de l’Ancien Testament : « Je suis venu, non pas abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17).
C’est d’ailleurs pour nous tous une belle leçon
d’humilité que de se savoir le maillon d’une chaîne ininterrompue de
générations successives : nous n’existons pas par nous-mêmes mais nous
devons (nous sommes bien ici dans le domaine de la justice) la vie à d’autres.
Rendons grâce pour la générosité de nos aïeux qui ont fait le plus grand don
qui existe après donner sa vie (cf. Jn 15, 13) : tout simplement
donner la vie.
Dans la culture judéo-chrétienne, où le don de soi sous
toutes ses formes a une place centrale (comme le crucifix dans nos églises,
symbole parfait de ce don de soi), ne nous étonnons pas de voir ce sens de la
famille (qui est une école du don de soi) aussi développé. Comme la vie et la
foi se transmettent, la généalogie aussi se transmet religieusement et
précieusement de génération en génération, comme autrefois chez les juifs les
rouleaux généalogiques conservant l’identité familiale. Puisqu’il fallait se
marier entre membres d’une même tribu, encore devait-on prouver son
appartenance à telle tribu en fournissant son ascendance. Plus tard, ce sera
pour éviter les mariages consanguins que seront établis les quartiers
généalogiques : pas seulement pour le seigneur du coin, contrairement à
une idée reçue, mais pour le moindre roturier, qui avait droit, lui aussi, à posséder une histoire
familiale. Car ce droit fait partie de la dignité humaine.
Si le clergé en particulier s’est adonné avec passion à
cette recherche familiale, ce n’est pas uniquement par goût historique ni pour
« tuer le temps », c’est encore une fois parce que c’est un devoir
pour tout chrétien de rendre un hommage à ses ancêtres (en Asie, ces honneurs
vont jusqu’au culte), et si l’on cherchait encore un des apports du
christianisme dans notre société, c’est bien le goût de la famille. L’ensemble
des baptisés ne forment-ils pas une seule et même famille, celles des enfants
de Dieu ?
Les réunions de famille regroupant plusieurs générations ne datent pas d’hier |
Simple comme un clic
La famille s’adapte bon an mal an aux temps modernes, la
généalogie aussi. La sagesse populaire nous dit que sur internet, on trouve le
meilleur comme le pire. Pour vous prouver que – à part votre blogue ! – on
trouve aussi de bonnes choses sur la Toile, signalons l’excellente et
ingénieuse initiative des Archives départementales de France qui ont récemment
mis en ligne l’immense masse de documents qu’elles conservent, et en tout
premier lieu les registres d’état civil, qui nous intéressent ici.
Certes, il y a le charme des archives dans le calme d’une
ambiance feutrée, l’émotion de feuilleter avec précaution les pages
multiséculaires d’un cahier écrit à la plume, la joie de découvrir du pays en
se rendant sur place… Mais grâce à cet outil extraordinaire, à partir de votre
fauteuil d’ordinateur, vous parcourez instantanément les registres de la France
entière, passant d’une province à une autre au gré de cette formidable chasse
au trésor sur l’écran… car oui, la famille est bien un trésor !
En application des règles de confidentialité, vous
pourrez commencer vos recherches à partir du tout début du XXème
siècle (une vieille tante vous aura jusque-là renseigné sur les générations
postérieures), en remontant le fil jusqu’au (parfois) XVIème siècle.
Si l’accès aux archives est quelquefois payant, l’immense majorité des
départements mettent en ligne gratuitement leurs fonds tant civils que
religieux. Merci qui ? Aux Mormons qui ont initié
cet archivage sur microfilm, à des fins religieuses il est vrai (mais comment
croyez-vous pouvoir baptiser les morts, Messieurs ?).
Les Archives aussi ont leurs « Livres de Vie » |
Vous êtes découragé devant le
magma d’actes de baptême, de mariage et de décès à dépouiller sans table
décennale ? Rassurez-vous, la Toile est riche en entraides généalogiques.
De nombreux sites souvent gratuits (Généanet,
Généabank, Roglo) vous proposent de retrouver des généalogies déjà établies
par des internautes. Vous pourrez même vous découvrir un cousinage avec le
dernier chanteur à la mode grâce à Généastar !
Mais souvenez-vous que la famille se reçoit… et se transmet ! Alors ne
puisez pas égoïstement les mines d’or qui sont à votre disposition sans les
enrichir à votre tour de vos découvertes, et en faire profiter ceux dont
vous étiez d’abord redevable. En quelques clics, via des logiciels spécialisés ou directement sur ces sites internet,
vous pourrez faire pousser un arbre généalogique, extensible à souhait et
consultable pour tous.
Vous ne savez pas comment occuper vos vacances ?
Voilà un bon moyen de rendre un bel hommage à sa famille tout en se distrayant
sainement. Et votre curiosité sera largement récompensée !
Paul Victor
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