lundi 13 juillet 2015

Une saine passion : la généalogie



Un retour en arrière louable & profitable


            Si le nom de ce site, Nunquam retrorsum, invite à ne pas se retourner, il est cependant des retours à encourager et à promouvoir : celui de la recherche de ses origines en est un. À l’heure où la famille est attaquée de toutes parts, il nous revient, à nous Chrétiens, de la défendre… et pour cela déjà de la connaître ! On ne peut en effet aimer ce(ux) que l’on ne connaît pas.

            Lors de son voyage au Paraguay le 10 juillet dernier, le Saint-Père a lancé ce beau message au corps diplomatique : « Un peuple qui oublie son passé, son histoire, ses racines n’a pas d’avenir. La mémoire, reposant fermement sur la justice (…) transforme le passé en source d’inspiration pour construire un avenir d’harmonie ». Je transposerais volontiers cette affirmation de bon sens et d’expérience à la famille, justement cellule de base de la société : quiconque ne sait pas d’où il vient ne sait pas où il va. C’est une plaie qui ne pourra jamais se refermer pour les personnes « nées sous X » qui n’auront jamais accès à leurs origines, ne sauront jamais d’où elles viennent, telles des météorites tombées d’on ne sait où. Les études psychologiques révèlent chez elles de fréquentes et lourdes dépressions difficiles à surmonter sans le secours de la foi, qui est elle aussi une relation filiale avec Dieu le Père.

            Malgré ce que veulent bien dire nos détracteurs, contre l’expérience elle-même et les études faites à ce sujet, un enfant a besoin d’un père et d’une mère, non seulement afin qu’il soit conçu, mais encore afin qu’il se construise. Un édifice doit reposer sur des fondations solides pour s’élever haut dans le ciel ; sur le sable, il ne peut que s’enfoncer. Alors nous qui avons la possibilité de partir à l’aventure si pleine de surprises qu’est la recherche de nos ancêtres, ne les laissons pas dormir dans le néant, mais faisons-les revivre dans nos cœurs par ce « devoir de mémoire » devenu à la mode de nos jours… Ne dit-on pas avec raison qu’oublier quelqu’un de disparu, c’est le faire mourir une seconde fois ?

 
Un tableau généalogique armorié

L’honneur dû à nos ancêtres


            C’est le quatrième Commandement de Dieu qui nous fait l’obligation morale d’honorer notre père et notre mère, et par extension tout le chapelet de nos aïeux. Pourquoi ce Commandement est-il le premier de tous les Commandements concernant le prochain et nous-mêmes ? Parce que c’est un devoir de justice : nos parents sont nos premiers bienfaiteurs, car ils nous ont donné le plus grand de tous les biens, à savoir la vie. Mais de même que nos parents nous ont donné la vie, nos grands-parents ont donné à leur tour la vie à nos parents, et ainsi de suite en remontant les générations. Si chacun de nos noms est inscrit dans le Cœur de Dieu, pourquoi celui de nos ancêtres ne le serait-il pas dans le nôtre ?

            Ce n’est pas un hasard si saint Matthieu commence son Évangile en établissant la généalogie de Notre-Seigneur. Ce n’est pas seulement pour situer la venue du Fils de Dieu dans le temps, mais aussi pour l’« incarner » : tout homme est le fruit d’un autre homme, son prolongement en quelque sorte, et Jésus n’échappe pas à la règle. En établissant tous deux la lignée du Christ, les évangélistes Matthieu et Luc ont à cœur de le présenter comme l’héritier, tant spirituel que biologique, des grands Patriarches de l’Ancien Testament : « Je suis venu, non pas abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17).

            C’est d’ailleurs pour nous tous une belle leçon d’humilité que de se savoir le maillon d’une chaîne ininterrompue de générations successives : nous n’existons pas par nous-mêmes mais nous devons (nous sommes bien ici dans le domaine de la justice) la vie à d’autres. Rendons grâce pour la générosité de nos aïeux qui ont fait le plus grand don qui existe après donner sa vie (cf. Jn 15, 13) : tout simplement donner la vie.

            Dans la culture judéo-chrétienne, où le don de soi sous toutes ses formes a une place centrale (comme le crucifix dans nos églises, symbole parfait de ce don de soi), ne nous étonnons pas de voir ce sens de la famille (qui est une école du don de soi) aussi développé. Comme la vie et la foi se transmettent, la généalogie aussi se transmet religieusement et précieusement de génération en génération, comme autrefois chez les juifs les rouleaux généalogiques conservant l’identité familiale. Puisqu’il fallait se marier entre membres d’une même tribu, encore devait-on prouver son appartenance à telle tribu en fournissant son ascendance. Plus tard, ce sera pour éviter les mariages consanguins que seront établis les quartiers généalogiques : pas seulement pour le seigneur du coin, contrairement à une idée reçue, mais pour le moindre roturier, qui avait droit, lui aussi, à posséder une histoire familiale. Car ce droit fait partie de la dignité humaine.

            Si le clergé en particulier s’est adonné avec passion à cette recherche familiale, ce n’est pas uniquement par goût historique ni pour « tuer le temps », c’est encore une fois parce que c’est un devoir pour tout chrétien de rendre un hommage à ses ancêtres (en Asie, ces honneurs vont jusqu’au culte), et si l’on cherchait encore un des apports du christianisme dans notre société, c’est bien le goût de la famille. L’ensemble des baptisés ne forment-ils pas une seule et même famille, celles des enfants de Dieu ?

Les réunions de famille regroupant plusieurs générations ne datent pas d’hier

Simple comme un clic


            La famille s’adapte bon an mal an aux temps modernes, la généalogie aussi. La sagesse populaire nous dit que sur internet, on trouve le meilleur comme le pire. Pour vous prouver que – à part votre blogue ! – on trouve aussi de bonnes choses sur la Toile, signalons l’excellente et ingénieuse initiative des Archives départementales de France qui ont récemment mis en ligne l’immense masse de documents qu’elles conservent, et en tout premier lieu les registres d’état civil, qui nous intéressent ici.

            Certes, il y a le charme des archives dans le calme d’une ambiance feutrée, l’émotion de feuilleter avec précaution les pages multiséculaires d’un cahier écrit à la plume, la joie de découvrir du pays en se rendant sur place… Mais grâce à cet outil extraordinaire, à partir de votre fauteuil d’ordinateur, vous parcourez instantanément les registres de la France entière, passant d’une province à une autre au gré de cette formidable chasse au trésor sur l’écran… car oui, la famille est bien un trésor !

            En application des règles de confidentialité, vous pourrez commencer vos recherches à partir du tout début du XXème siècle (une vieille tante vous aura jusque-là renseigné sur les générations postérieures), en remontant le fil jusqu’au (parfois) XVIème siècle. Si l’accès aux archives est quelquefois payant, l’immense majorité des départements mettent en ligne gratuitement leurs fonds tant civils que religieux. Merci qui ? Aux Mormons qui ont initié cet archivage sur microfilm, à des fins religieuses il est vrai (mais comment croyez-vous pouvoir baptiser les morts, Messieurs ?).

Les Archives aussi ont leurs « Livres de Vie »

              Vous êtes découragé devant le magma d’actes de baptême, de mariage et de décès à dépouiller sans table décennale ? Rassurez-vous, la Toile est riche en entraides généalogiques. De nombreux sites souvent gratuits (Généanet, Généabank, Roglo) vous proposent de retrouver des généalogies déjà établies par des internautes. Vous pourrez même vous découvrir un cousinage avec le dernier chanteur à la mode grâce à Généastar ! Mais souvenez-vous que la famille se reçoit… et se transmet ! Alors ne puisez pas égoïstement les mines d’or qui sont à votre disposition sans les enrichir à votre tour de vos découvertes, et en faire profiter ceux dont vous étiez d’abord redevable. En quelques clics, via des logiciels spécialisés ou directement sur ces sites internet, vous pourrez faire pousser un arbre généalogique, extensible à souhait et consultable pour tous.

            Vous ne savez pas comment occuper vos vacances ? Voilà un bon moyen de rendre un bel hommage à sa famille tout en se distrayant sainement. Et votre curiosité sera largement récompensée !


 Paul Victor

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